Article paru dans LA VOIX DU NORD n°19869 le 16 avril 2008.


Il suffit de fermer les yeux. Et les voilà qui défilent… La Gueule ouverte, La Chambre verte, La Nuit américaine, Notre Histoire, Une liaison pornographique, Les Sentiments, Le Petit lieutenant… ceux qui restent, ceux qui nous sont les plus chers. Notre best of Nathalie Baye.

Entretien par Philippe Lagouche

« C’est une belle liste… à laquelle j’ajouterais Un Week-end sur deux, le premier film de Nicole Garcia qui m’est particulièrement cher. D’autres aussi, plus populaires si vous voulez, qui ont compté parce qu’il y a toujours une bonne raison à un succès. J’ai épousé une ombre, La Balance, Le Retour de Martin Guerre sont également des films auxquels je suis très attachée. Ils font partie de mon histoire. La façon dont le public m’en parle encore les rend très émouvants. »
Sa vraie nature
« Je suis cancer ascendant cancer, donc irrécupérable ! Je suis quelqu’un qui aime rire. J’avoue que j’y arrive même parfois dans des moments douloureux. Je tiens ça de mes parents qui avaient tous deux pas mal d’humour, même par rapport à eux-mêmes. On riait, même si à la maison y’avait parfois de la bagarre, des disputes... C’étaient des gens qui montraient beaucoup d’amour pour moi. Ça m’a beaucoup aidée. »
Besoin de jouer
« Vous n’allez pas me croire mais jamais je n’ai été en position de challenge. Cela ne fait pas partie de mon caractère. Les filles de ma génération pensaient davantage au théâtre qu’au cinéma. Quand arrive quelque chose qui me plaît, j’ai toujours l’impression que c’est un petit miracle. Car j’en lis des scénarios temesta sur lesquels je m’endors au bout de onze pages. J’ai beaucoup travaillé, j’ai eu de la chance, et de la chance on n’en a pas toute sa vie. Parfois j’ai préféré me priver de plein de choses plutôt que de faire un truc dans lequel j’aurais perdu du goût pour ce métier. Le désir, c’est quelque chose qu’on ne garde pas éternellement. Si on ne l’entretient pas, si on le met en danger, il fout le camp. C’est comme continuer à aimer la même personne, l’intéresser, la séduire. Si on se laisse aller, c’est cuit ! Jouer est un besoin qui n’a rien à voir avec le narcissisme et la compétition. C’est un besoin… parce ça m’aide à vivre. »
Boulot
« J’aime bien travailler avec des metteurs en scène qui fonctionnent de manière différente. J’ai besoin de varier la méthode. Certains ne vous font pas répéter, d’autres vous donnent le texte la veille pour le lendemain, voire le jour même, d’autres vous obligent à des lectures en amont jusqu’à la nausée. Chaque fois, j’essaie de n’imposer ni ma méthode, ni mon rythme, ni mon univers. »
Premier rôle
« Mon premier film c’était un petit rôle dans un film de Robert Wise, Two People, qui a été un four terrible. J’avais une scène avec Peter Fonda, ce dont je me souviens très bien. Robert Wise, qui était un monsieur charmant, m’a fait décolorer en blonde après m’avoir vue au moins six fois. J’avais l’air d’une poule, j’étais terrifiée. À l’époque, j’étais encore au Conservatoire. En deuxième année ».
Première image
« Jean Gabin, dans Les Misérables. Y’avait quelque chose de magique, J’étais toute petite, en vacances en Bretagne. Jean Valjean, Gabin… ça m’a fait rêver. J’ai toujours adoré Gabin ».